Moon Gogo est le surprenant attelage d'une virtuose de geomungo, instrument coréen millénaire, et d'un chanteur et songwriter qui connaît son affaire. D'un côté donc, E'Joung-ju, musicienne classique qui fait claquer, gémir ou murmurer les six longues cordes de son instrument. Parfois surnommé " Chef des cents musiques ", le geomungo est tour à tour tonnerre menaçant, suave plainte ou groove entêtant. De l'autre, Federico Pellegrini (The Little Rabbits, Baby Face Nelson & Dillinger Girl, French Cowboy), claviers à un doigt, guitare à pas beaucoup plus, hyperfuzz au pied quand il le faut, et surtout chant ductile, de ceux qui vous emportent en trois inflexions. Leur deuxième album s'appelle JOY. C'est par antiphrase, car les émotions qu'on y berce, doucement ou vigoureusement, la calmerait plutôt, la joie. On y entendra un hymne à l'industrie nord-coréenne transformé en éruption de pure rage (Chulgang (Nowhere at a Time)), on fera un ou deux tours de dancefloor sarcastique, lointain écho à Pulp ou à DAF (Joy, Sally's Gone), on y goûtera des ballades orientales transmuées en murmure hip-hop obsessionnel (Hangukae dal (My Rihanna)) ou en ressac psychédélique (You Say I) ... Des bouts venus de partout et de nulle part, qui forment un territoire jusque là inexistant.